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jeudi 20 mars 2008

LE POUVOIR DE LA SUGGESTION

Cet essai a pour but d'essayer de vous apprendre à faire coucher l’adversaire même s'il tient en main un tirage Max. Au lieu d’essayer de lire dans ses pensées, dites lui quoi penser. Avant de continuer à lire cet article, lisez rapidement le scénario hypothétique suivant et décidez si vous devriez faire un fold, call, ou raise. Vous verrez plus tard que la façon dont vous pratiquez le poker n’est pas très importante, alors ne vous prenez pas la tête ; c’est juste pour s’amuser.

Vous êtes dans le petit blind avec A-5 suited et tous les autres joueurs se couchent avant vous. Dans le big blind un joueur solide que vous respectez suit votre raise standard. Vous avez autant de jetons l’un que l’autre. Le flop est un rainbow A-4-5 : une double paire bien sympathique. Vous checkez. Votre adversaire check aussi. Le turn est un six, ce qui vous met dans le danger évident de divers straights (et un flash draw : couleur tirage) alors vous estimez qu’il est temps de mettre quelques jetons et voir où vous en êtes. Vous misez la moitié du pot. Votre adversaire fait un "flat call" ; ne paie que l’ouverture. Le river est un sept, qui complète encore plus une suite possible et suggère la possibilité d’un couleur. Mais que tient-t-il ? Vous misez encore une moitié du pot et votre adversaire surelance la moitié de sa pile de jetons. Une fois que vous avez décidez que faire, prenez note de votre décision. Ensuite, oubliez cet exercice et lisez la suite.

Poker : croyances et hallucinations

Ce que vous allez apprendre ici va secouer vos croyances fondamentales et changer votre regard à jamais. Un bouleversement mental à couper le souffle. Vous allez voir comment vous pouvez faire coucher n’importe quel joueur, même un professionnel, même un qui tient en main une combinaison imbattable. Vous avez bien lu : ceci est un tour guidé de la main de poker la plus hallucinante, un tour qui va bien au-delà d’un jeu de cartes. A l’heure qu’il est vous devriez être soit très sceptique soit vaguement terrifié, parce que les deux façons de gagner au poker sont traditionnellement gravées dans le marbre : soit vous avez la meilleure main, soit vous faites croire que c’est le cas. Sauf qu’aucun des deux cas ne s’appliquent si votre adversaire tient un tirage Max."On ne peut pas bluffer un Max", disent-ils. Vous savez quoi ? Si, vous pouvez. Accrochez-vous, et on vous montre comment faire ce tour de magie mentale.

Le magicien de l'esprit

Tout cela peut sembler un peu gros, alors revenons quelques années en arrière, en 1901, l’année où naquit un certain Milton Hyland Erickson. A l’âge de 17 ans, une forme de polio a laissé le jeune Américain paralysé et sans voix durant de longues périodes de son adolescence (sa mort, à l’âge adulte, sera provoquée par la même maladie.) Pendant qu’il était prisonnier dans son propre corps, Erickson s’est mis à observer de plus en plus près la façon avec laquelle les gens communiquaient entre eux. Ses yeux et ses oreilles, au moins, fonctionnaient toujours, et il s’en est énormément servi. Milton n’a pas tardé à maîtriser la reconnaissance des petits signaux subtiles et fugaces qu’il récoltait de son observation du langage du corps, des tons de voix et des expressions faciales que la communauté de poker appelle les « tells ».

Ses capacités à lire les gens sont devenues si développées que l’autodidacte en a fait son métier pendant presque 60 ans. Après sa mort en 1980, il était considéré comme étant un génie innovateur dans son domaine. Il aurait été un joueur de poker formidable, sauf que Milton H. Erickson ne jouait pas aux cartes, qu’on le sache. Il se servait de ses talents pour aider les gens, pas en les dévalisant au poker, mais en les traitant en tant que thérapeute. Pour beaucoup de ses admirateurs, c’était LE thérapeute, celui qui a découvert et inventé des méthodes d’aides psychologiques entièrement nouvelles. Son efficacité était légendaire. En utilisant un mélange de suggestion dissimulée, de l’hypnose et sa capacité étrange à lire les gens, Erickson avait toujours le mot juste, et il savait toujours quand et comment le dire.

La plupart des patients n’avaient besoin que d’une seule visite- qui durait parfois le temps d’une phrase- pour être guéris de problèmes psychologiques de toute une vie. Voici quelques exemples : il y a le cas d’un garçon de cinq ans qui suçait son pouce. Rien de très grave, mais ce qui est intéressant c’est que ses parents avaient tout essayé pour le faire arrêter ; ils avaient même vu d’autres psychologues. Rien à faire, le garçon n’arrêtait pas de sucer son pouce. Erickson susurre à l’oreille du jeune garçon que ses parents avaient tort, que c’était tout à fait normal de sucer son pouce, et qu’ils ne savaient tout simplement pas que cela lui passerait naturellement à l’âge de six ans, comme tous les enfants. Vous pouvez probablement deviner ce qui s’est passé après : quelques mois plus tard (et juste avant son sixième anniversaire), le garçon a annoncé fièrement qu’il n’avait plus besoin de sucer son pouce et il a arrêté pour de bon.

Un autre cas, bien connu, c’est celui d’un homme de 26 ans qui n’arrêtait pas de se ronger les ongles jusqu’au sang. Le docteur l’a tout simplement demandé qu’est-ce qui lui plaisait le plus : ronger un ongle qui était déjà tout rongé, ou ronger un ongle bien long ? Une fois la réponse évidente fournie, Erickson l’a fait remarquer qu’avec son habitude, il se privait du plaisir de son habitude. Et comme il pouvait sûrement se satisfaire avec neuf ongles rongés, peut-être qu’il pouvait laisser pousser un seul, histoire de le garder pour les grandes occasions…bien sûr, à partir de ce moment là il a pût tout laisser repousser. Milton Erickson obtenait des résultats. Même si ces cas sont intéressants, ce sont juste des exemples de choses qu’ Erickson pouvait faire sans hypnose.

Préparez-vous à être choqué…

Comme on l’a mentionné avant, Erickson mélangeait la psychologie avec l’hypnotisme, et même si c’était un psychologue brillant, c’est dans ce dernier domaine qu’il était vraiment légendaire. Ecoutez : Erickson arrivait à hypnotiser les gens en quelques secondes, sans qu’ils s’en rendent compte. Vous-avez déjà vu Derren Brown mettre quelqu’un d’inconnu dans une transe hypnotique instantanée ? Il se sert des méthodes d’Erickson (habilement, il faut le dire) et les effets sont tout à fait authentiques. Si vous trouvez ça fort, tenez-vous bien, parce que cette prochaine bombe est totalement incroyable : Erickson a inventé une façon d’hypnotiser les gens rien qu’en leur serrant la main ! Pensez-y une seconde ; l’hypnose par une poignée de main ! Ca doit être la raison pour laquelle ils attachaient les mains des sorcières avant de les brûler. Alors, quelle est la leçon ? Que vous devriez essayer d’hypnotiser tous vos adversaires avec des salutations louches ? Bien sûr que non, même les pros auraient du mal avec ça, mais on veut tout simplement vous apprendre à ne pas sous-estimer le pouvoir de la suggestion spontané, parce que bien fait, il peut être très puissant.

Observez la manipulation cruelle et hilarante de notre cher Hilly The Fish par Joe Hachem au WSOP cette année. Avec un roi sur le board et un deuxième entre les pattes toutes suantes de Hilly, Hachem était à la traine et le savait bien. S’il avait gardé la bouche fermée, c’est possible qu’Hilly l’ait suivi dans l’espoir de gagner la main. Hachem a préféré enfoncé le clou : « cette main vous a déjà coûté 4 000 quand elle aurait dû vous coûté 400…elle va vous coûter combien de plus ? » Cette dernière phrase a fait qu’Hilly a couché sa main gagnante. Parfois, ouvrir sa bouche est une mauvaise idée : si votre adversaire est sur le point de se planter sans votre aide, vous ne voulez pas le distraire, et il y a toujours le danger que l’adversaire voit à travers vos efforts de l’impressionner et fasse le contraire de ce que vous voulez. Phil Hellmuth a parlé de situations où son silence a fait suivre (et perdre) ses adversaires juste parce qu’ils « savaient » qu’il aimait bien ouvrir sa "gueule" quand il bluffait.

La suggestion doit être subtile pour être efficace, et ne rien dire, c’est on-ne-peut-plus subtil. Bon, vous avez l’idée : parfois il faut rester réticent, et parfois il faut les énerver. L’idée que les meilleurs joueurs ne disent jamais rien est tout simplement fausse. Ils restent silencieux quand ils croient que leur adversaire les connais trop bien (enfin, tous sauf Phil Ivey). Sinon ils parlent, ils parlent ; ils harcèlent et cajolent. Mike Matusow est célèbre pour être le joueur le plus grossier ; le plus "grande gueule". Mais ils le font tous. C’est très commun que les joueurs demandent aux adversaires qu’est-ce qu’ils ont dans la main (comme si ils allaient le dire !), qu’ils font le tour des mains et des schémas de pari en cherchant la petite tressaille qui va trahir la vérité. Ceci n’est pas de la suggestion. Cela dit, si le joueur qui joue l’interrogateur est celui qui tien la main Max, alors vous pouvez voir comment on pourrait voir un tel comportement d’un autre œil. Là il ne s’agit plus de la pêche aux tells, c’est désormais une tentative ouverte d’influencer et, même si tout le monde n’est pas capable de lire son adversaire, n’importe qui peut se servir de la suggestion. Vous n’arrivez pas à lire dans leurs pensées ? Dites-leur quoi penser.

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